La silhouette et la qualité des paysages en coteaux de la Montagne de Reims est indissociable de l’architecture traditionnelle des villages qui y sont nichés ! Et ces derniers ne manquent pas de caractère grâce à l’aspect des murs et des toits, aux textures et couleurs des matériaux, et aux volumes des constructions. Ouvrez grands vos yeux : ici, on vous dit tout de cette belle variété, qu’on ne se lasse pas d’admirer !
Les composantes de l’architecture traditionnelle
Les couvertures principalement en tuile de terre cuite rouge, comme les murs enduits dans les tons beiges, participent beaucoup à l’harmonie générale des ensembles bâtis. Dans les constructions, même les plus modestes, de nombreux détails (modénatures des façades, éléments de serrurerie, murs de clôture…) témoignent de l’attention portée à la qualité technique, mais aussi esthétique.
Très discrète au premier regard, l’architecture traditionnelle du Parc naturel régional de la Montagne de Reims regorge de nuances.
Les matériaux
Le patrimoine bâti traditionnel du Parc est déterminé par les activités du territoire et les contraintes locales : topographie, climat, histoire… Il résulte aussi surtout des matériaux disponibles dans le sous-sol : roches (craie, calcaire, meulière…), argiles (pour la fabrication de tuiles et de briques), sables, chaux ou encore « terre à brique » pour les « carreaux de terre ».
Afin d’extraire ces matériaux, de nombreux sites dédiés ponctuaient autrefois la Montagne de Reims. Une tradition architecturale et plusieurs techniques constructives se sont ainsi forgées. Saurez-vous repérer les composantes suivantes lors de vos prochaines balades dans nos jolis villages ?
Les enduits à la chaux
La réalisation d’enduits s’est généralisée au cours du XIXe siècle, avec le développement de la production de la chaux. Habituellement à pierre-vue ou entièrement couvrants, leur rôle est de protéger la maçonnerie. Fabriqués sur chaque chantier, ces enduits utilisent différents sables, plus ou moins argileux : de là provient leur teinte caractéristique, variant du beige clair aux tons de terre !
La pierre meulière
La construction en meulière est surtout présente dans les communes proches du plateau. Ici, la meulière abondante a été fortement exploitée. On la retrouve mise en œuvre en divers appareillages sur des porches, des soubassements, des façades entières, voire des loges de vigne. Un vrai marqueur de l’identité locale !
Le carreau de terre
Sur le Parc, et plus généralement en Champagne, les bonnes pierres de construction sont rares. Ce contexte a amené les populations à utiliser un matériau local et économique : la terre crue. Très répandue, la technique de la brique de terre crue est aussi appelée « adobe » ou « carreau de terre ». Constituée de terre argilo-sableuse fortement calcaire, cette brique est mise en forme dans un moule, puis compactée et séchée au soleil avant d’être mise en œuvre. Sensible à l’eau, elle est associée à d’autres matériaux et souvent abritée ou enduite.
La terre cuite : tuiles et briques
Comme la terre crue, la terre cuite s’est notamment imposée en remplacement de bonnes pierres de construction. Résistante et facile à mettre en œuvre, elle est très fréquemment utilisée localement à travers des briques pour les éléments de structure du bâti et des tuiles en couverture. D’ailleurs, c’est l’exploitation des argiles et des sables qui a permis l’implantation de nombreuses tuileries et briqueteries (Ludes, Dizy, Bouzy, Saint-Imoges, Jouy-les-Reims…) aujourd’hui disparues. Avec ses différentes formes et teintes, la terre cuite confère un caractère fort à l’architecture !
Et aussi : le bois !
De tout temps, la forêt a alimenté la construction locale. Jusqu’au milieu du XIXe, une grande partie des bâtiments étaient réalisés en bois. Mais divers facteurs (pénurie, nouveaux matériaux…) ont progressivement fait reculer son usage dans les emplois structurels. Aujourd’hui, l’engouement pour les constructions écologiques, conjugué à l’évolution des techniques, stimule à nouveau le développement du bâti en bois !
Les caractères constructifs
L’organisation et l’implantation des bâtiments
Dans les cœurs de village, le bâti est souvent dense et regroupé. Associant plusieurs bâtiments, les constructions sont mitoyennes. Elles organisent des espaces intérieurs, cours ou jardins intimes entourés de hauts murs. Le tissu urbain qui en découle se caractérise par des linéaires de rue continus, avec une prédominance du minéral.
Des volumes simples et des ouvertures plus hautes que larges
Les constructions suivent en général un plan rectangulaire, avec une toiture à deux pans, parfois avec croupes. Elles peuvent également associer plusieurs bâtiments en L ou en U. En effet, si la singularité du bâti ne se situe pas dans la complexité des volumes, c’est plutôt la richesse des détails des constructions qui charme l’œil ! Plus hautes que larges, les ouvertures sont habituellement soulignées par des encadrements en briques ou en pierres.
Lorsqu’une propriété regroupe plusieurs bâtiments (habitation et activités), l’accès à l’intérieur de la parcelle se fait via un porche ou un chartil. Élément important du patrimoine local, le porche peut être droit ou cintré, en pierre, en briques, avec un linteau en bois ou en métal, à l’alignement sur rue ou en retrait… Les chartils, en plus d’être des lieux de passage et de desserte, servaient également pour travailler au sec en cas d’intempéries.
Des façades décorées
Sur chaque façade, vous pouvez contempler des ornements plus ou moins développés, appelés modénatures. Les éléments de structure du bâti (encadrements de baies, chainages, linteaux…) sont le support principal de ces décors en briques, en pierre ou en céramique, qui apportent une touche de couleur (et parfois de fantaisie !) aux façades.
Les autres architectures locales qui valent le coup d’œil
Le paysage bâti local est également marqué par la présence d’architectures particulières, petites « singularités » à découvrir au fur et à mesure de vos visites !
Villas et maisons de notables
Cossues, à vocation exclusivement résidentielle, elles se démarquent par une volumétrie généralement complexe. Leur style éclectique présente de nombreux ornements. Il mêle ainsi influences locales et régionalistes, voire Art déco, en associant matériaux locaux (la meulière en particulier) et d’importation.
Bâtiments de la République
Les bâtiments publics (mairies, écoles, bureaux de poste, salles des fêtes…) se démarquent par leur fonction de représentation. Les mairies-écoles sont emblématiques de la grande phase de reconstruction après la Première Guerre mondiale : regroupant les principaux services publics des villages, une attention toute particulière leur a souvent été accordée…
Patrimoine viticole
Le paysage bâti local est marqué par la présence de constructions viticoles spécifiques, adaptées à la minutieuse élaboration de l’iconique champagne !
- Maisons de négoce de champagne : parfois monumentales, elles réunissent autour d’une cour des bâtiments d’accueil et des bureaux à l’architecture recherchée (matériaux nobles et riches décors), ainsi que des bâtiments d’exploitation plus rationnels. Les constructions récentes présentent quant à elles une architecture plus « industrielle », voire un parti pris clairement contemporain.
- Maisons ouvrières : l’importance du négoce dans le commerce du champagne et, durant longtemps, le besoin essentiel de main-d’œuvre, expliquent la présence de ces maisons ouvrières. Groupées, répétitives, sous forme de linéaires, elles sont les vestiges touchants d’une époque révolue.
- Celliers, caves, vendangeoirs et pressoirs : ces bâtiments fonctionnels accueillent les différentes étapes de fabrication du vin champenois.
- Coopératives vinicoles : récents, fonctionnels et volumineux, ces bâtiments en périphérie des villages possèdent essentiellement un caractère industriel. Ils sont en outre intimement liés à l’histoire particulière de la Champagne : la coopération assure un équilibre professionnel, en permettant une indépendance du vignoble face aux négociants.